Il y a deux choses dont on est sûrs : d’une part, que l’utilisation de l’intelligence artificielle est répandue chez les élèves ; et d’autre part, que nous ne comprenons que très peu de choses sur ce qui est en train de se passer. C’est ce qu’a déclaré Pierre-Yves Oudeyer, chercheur en sciences cognitives et en intelligence artificielle à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) de Bordeaux, lors d’une présentation de ses travaux au Centre national d’étude des systèmes scolaires (Cnesco) à l’automne 2024. Derrière cette plaisanterie, le chercheur souligne une réalité : en matière d’intelligence artificielle, les élèves ont dépassé leurs enseignants et l’école commence tout juste à comprendre à quel point l’IA pourrait la transformer. Même la ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne, en convient : « Nos lycéens et nos étudiants n’attendent pas », a-t-elle admis lors d’une journée d’étude sur l’IA organisée à Sèvres (Hauts-de-Seine) par l’éducation nationale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) le 7 février. La ministre a souligné que seuls 20 % des enseignants utilisent l’IA, alors que son utilisation est répandue chez les élèves grâce au robot conversationnel ChatGPT d’OpenAI. « Cette asymétrie doit nous alerter », a ajouté la ministre, afin d’éviter un écart qui pourrait fragiliser la transmission des connaissances.