Le député (Rassemblement national) Jean-Philippe Tanguy, le 13 novembre 2024, à Paris. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP « Sur le fond, ça n’avance pas » : la menace d’une censure du gouvernement par le Rassemblement national (RN) doit être prise au « sérieux », a averti, jeudi 30 janvier, le député Jean-Philippe Tanguy, qui participe aux négociations entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire (CMP) sur le budget 2025.Sept députés et sept sénateurs sont réunis depuis 9 h 30 à l’Assemblée nationale pour tenter de s’entendre sur une version commune du budget de l’Etat. S’ils parvenaient à un compromis, celui-ci serait soumis la semaine prochaine aux deux Chambres du Parlement. Mais, faute de majorité à l’Assemblée pour le faire adopter, le premier ministre, François Bayrou, devrait alors recourir à l’article 49.3, s’exposant à la censure des députés.La CMP, qui pourrait durer jusqu’à vendredi, est dominée par la coalition gouvernementale, avec huit parlementaires issus de ses rangs. Lors des discussions, a expliqué M. Tanguy, le RN s’est résolument opposé à un article du projet de loi de finances réformant la rémunération d’EDF pour sa production nucléaire, en remplacement du système actuel qui s’éteint le 31 janvier 2025 et qui obligeait l’électricien à vendre à prix cassé une partie de son électricité. Cette disposition pourrait provoquer un doublement du prix de l’électricité issue du nucléaire, ce qui pèserait sur les ménages et aggraverait la désindustrialisation, a argumenté M. Tanguy.Dans ces discussions budgétaires, le RN a certes été « bien mieux traité » sur la forme par François Bayrou que par son prédécesseur, Michel Barnier, a-t-il convenu. Cependant, « sur le fond, ça n’avance pas », notamment concernant la politique migratoire, pour laquelle l’exécutif n’a donné « aucun gage, bien au contraire », selon le député d’extrême droite.Ne pas faire « la courte échelle à Marine Le Pen »Les discussions sont également complexes avec le Parti socialiste (PS). Faute d’ouverture vers la gauche, « il y aura une censure », a prévenu jeudi matin le député Philippe Brun, chargé de négocier en CMP au nom de son parti. « Nous sommes très ouverts au dialogue. J’attends maintenant des macronistes, des [Républicains], d’être aussi ouverts pour trouver un chemin avec nous », a ajouté M. Brun. Interrogé sur les lignes rouges de son parti, il a affirmé que le PS ne laisserait « pas passer » un « budget d’austérité » ; qui « sabre dans les services publics de manière importante » ; qui ne mettrait « pas en place davantage de justice fiscale » ou qui « sacrifierait l’écologie ». Les négociations entre le gouvernement et le PS, engagées depuis plusieurs semaines, s’étaient interrompues mardi après la sortie de François Bayrou sur « le sentiment